IDENTIFIER DE NOUVELLES ESPÈCES DE POMMES DE TERRE D’IRLANDE POUR DES OPPORTUNITÉS INNOVANTES
Née à Kisumu, au Kenya, dans une famille d’enseignants, Becky Nancy Aloo a grandi avec ses quatre frères et sœurs tous plus jeunes qu’elle. De leur mère, ils ont hérité de l’amour de la biologie. Et comme elle, elle a épousé un enseignant dont elle a eu quatre enfants. Pour s’inscrire en doctorat, elle a dû déménager à Arusha city, dans le nord de la Tanzanie ce qui a pas mal compliqué les choses pour elle. « Il faut beaucoup de courage et de détermination pour concilier les exigences de la recherche avec celles de la famille. Parfois, je me sens un peu découragée, surtout lorsque je dois voyager longtemps. Mais mes enfants sont fiers de leur mère comme je suis fière d’eux, car ils en savent beaucoup maintenant sur les bactéries que j’étudie. »
Pour sa thèse de doctorat, elle a choisi d’étudier la « pomme de terre irlandaise », une pomme de terre très répandue surtout pour la fabrication des pommes frites. Cependant, celle-ci a un faible capacité d’absorption des nutriments à cause de ses racines peu développées. C’est également l’une des cultures les plus gourmande en engrais. « Les agriculteurs appliquent souvent beaucoup d’engrais chimiques pour maximiser les rendements, ce qui entraîne une dégradation de l’environnement, la pollution des masses d’eau et l’émission de gaz à effet de serre. D’où la nécessité de trouver d’autres mécanismes de fertilisation. »
Au laboratoire des sciences de la vie de l’Institut africain des sciences et de la technologie Nelson Mandela, elle a pu évaluer les rhizobactéries irlandaises indigènes de la pomme de terre afin d’identifier certaines espèces uniques qui peuvent être transformées en engrais biologiques et, ensuite, être utilisées pour améliorer le rendement de cette culture. « Les bactéries sont en cours de caractérisation, d’évaluation et de dépistage pour tester les capacités de croissance des plantes. Des souches prometteuses vont en outre être soumises à des expériences en laboratoire pour identifier de nouvelles espèces pouvant être transformées en engrais bio et utilisées pour des essais sur le terrain. ”
Ayant toujours admiré les femmes africaines faisant de la recherche, elle souhaite à son tour approfondir ses recherches en ingénierie écologique et donner des conférences à l’Université d’Eldoret (Kenya), une fois sa thèse achevée en 2020. Pour elle, la science doit servir à résoudre des problèmes de société auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui. Elle souhaite également motiver les jeunes filles à s’orienter vers des carrières scientifiques. « Grâce au Prix des jeunes talents d’Afrique subsaharienne, je vais devenir un mentor et un modèle pour encourager les filles à suivre davantage de cours scientifiques. J’ai déjà participé à des programmes de mentorat et j’ai constaté que les perceptions des femmes par rapport aux sciences évoluent lentement. »
En 2017, Becky Nancy Aloo a remporté le trophée du meilleur poster et affiche à la sixième semaine nationale de la science, de la technologie et de l’innovation au Kenya. La même année, elle a été reçue à la première place pour une subvention annuelle de recherche de l’Université d’Eldoret et a également obtenu une subvention de recherche de la Commission nationale pour la science, la technologie et l’innovation du Kenya. Grâce à une bourse de leadership octroyée par la Société Américaine de Microbiologie American aux enseignants en microbiologie, elle a pu assister à la Conférence internationale des enseignants de premier cycle 2017 (ASMCUE) à Denver, au Colorado. En janvier 2018, elle a remporté une bourse de doctorat dans le pays (DAAD) ainsi qu’une bourse de voyage et de recherche pour les Jeunes Talents Verts du ministère fédéral allemand de l’éducation et de la recherche afin d’approfondir ses recherches sur les rhizobactéries de la pomme de terre.
source : https://lelab.info/
