Fatoumata Ba, la Sénégalaise qui a reçu le prix Jeune Talent Afrique subsaharienne 2019 L’Oreal-UNESCO pour les femmes et la science

photo from bellanaija

ÉTUDIER LE SOMMEIL POUR MIEUX LUTTER CONTRE LES MALADIES DU MÉTABOLISME

Pour Fatoumata Ba, l’amour de la recherche et la passion de la science sont une affaire de famille. « À la maison, enfant, entre mes frères ingénieurs et mes sœurs docteures, j’ai toujours beaucoup parlé et entendu parler de sciences.» Elle-même brillante élève, elle obtient son baccalauréat scientifique à seulement 17 ans. Elle décide alors de poursuivre des études médicales, avec une spécialisation en psychiatrie. Après sa réussite au concours d’internat en tête de liste, elle débute sa carrière dans un service psychiatrique de Dakar. Parallèlement, elle continue ses études en sciences biologiques et médicales, puis en physiologie, une discipline transversale. « J’ai ainsi enfin pu allier mes deux passions que sont l’étude du sommeil et celle de l’épilepsie. »

Pour sa thèse de doctorat, qu’elle compte soutenir en 2020, Fatoumata Ba a mis la barre très haute. Un poste d’enseignante chercheure à l’université Gaston Berger lui a permis d’intégrer le Laboratoire de physiologie où elle s’intéresse au syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS). Celui-ci se traduit par des ronflements, une apnée ou encore des pauses respiratoires pendant le sommeil, qui surviennent lorsque l’air ne passe plus par les voies respiratoires et suscitent des éveils récurrents. Il en résulte un état d’hypoxie intermittente, soit une inadéquation entre les besoins tissulaires en oxygène et les apports, qui sont délétère pour les organes, en particulier pour le cerveau. « Les études sur le sommeil sont très récentes et quasiment inexplorées au Sénégal, faute d’équipements adéquats. Mes recherches consistent à mesurer les effets de ce syndrome sur la fonction artérielle et les risques cardio-vasculaires qui peuvent en découler. »

Fatoumata Ba évalue les facteurs physiopathologiques à l’origine du SAHOS dont souffrent les 20 patients de son panel, ainsi que les conséquences sur leur métabolisme, en particulier l’altération de la fonction endothéliale (couche de cellules tapissant l’intérieur des vaisseaux sanguins) et la rigidité artérielle. À terme, elle souhaite pouvoir suivre une cinquantaine de patients pour que ses résultats soient encore plus probants. « Mon rêve ? Faire un jour du laboratoire de physiologie de l’université de Gaston Berger un centre de référence dans l’étude du sommeil, grâce à l’appui de laboratoires partenaires, et y développer en particulier l’expertise sur les facteurs génétiques et environnementaux à l’origine du SAHOS. L’un des champs encore inexplorés, par exemple, concerne le microbiote. Beaucoup de maladies sont liées au dysfonctionnement de cette flore intestinale et nous sommes d’ailleurs en train de nous équiper et de former des équipes localement. J’en ferai certainement mon projet d’études post -doctorales. »

Pour cette mère de famille de deux fillettes de 9 ans et 2 ans, mariée à un médecin également spécialisé en psychiatrie, il n’a pas toujours été aisé d’allier un cursus de chercheuse à la vie de famille. « J’étais prête à partir un an en France pour un poste d’assistante associée, mais j’y ai renoncé quand j’ai appris que j’étais enceinte de ma première fille. » Si Fatoumata Ba a su relever ce défi, elle reconnaît que mener une carrière dans la recherche reste plus compliqué pour les femmes, « d’où l’importance de continuer à passer le flambeau ».

Lauréate du Programme d’appui à la promotion des enseignantes-chercheures du Sénégal (PAPES) en 2013, cette chercheuse émérite a obtenu le Prix de la meilleure communication scientifique orale « hors thème » lors des Journées médicales de l’Hôpital principal de Dakar en 2016. Puis, deux années de suite, elle s’est vue décernée des bourses de l’Organisation internationale pour la recherche sur le cerveau (IBRO), pour suivre le 9ème atelier pédagogique en neurosciences, le 4ème atelier d’écriture ainsi que la 13ème rencontre bi-annuelle de la Society of Neuroscientist of Africa (SONA), en Ouganda. Des bourses de la Ligue internationale contre l’épilepsie (ILAE) lui ont également permis de participer au cours sous-régional sur l’enseignement de l’épilepsie et au 5ème cours sous-régional de la Commission des affaires africaines, ainsi qu’au 3ème Congrès africain sur l’épilepsie, à celui du ILAE-EMR (Eastern Mediterranean Region) d’Épilepsie de Monastir et au 4ème congrès africain d’épilepsie.

source : https://lelab.info/

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