UTILISER LES INTERACTIONS ENTRE UNE MÉDECINE TRADITIONNELLE À BASE DE PLANTES ET LE TRAITEMENT DE PREMIÈRE LIGNE DU VIH/SIDA
De son père, directeur d’école, décédé alors qu’elle était adolescente, Celia Moffat Joël Matyanga a hérité d’un amour pour les personnages. De sa mère, infirmière, qui a élevé ses cinq filles en tant que veuve, elle a hérité de l’amour de prendre soin d’autrui. « Même s’il était difficile de grandir dans une famille où seule la mère générait un revenu, mes sœurs et moi étions très déterminées à la rendre fière. » Et elle l’a fait en obtenant son diplôme de premier cycle en pharmacie, puis sa maîtrise en pharmacologie et, maintenant, son doctorat au Clinical Pharmacology Laboratory de l’Université du Zimbabwe à Harare.
Pour ses recherches, elle a choisi une espèce africaine cultivée aux propriétés pharmacologiques et déjà utilisée dans la médecine traditionnelle. Il s’agit de la “Pomme de terre africaine” qui est traditionnellement utilisée pour renforcer le système immunitaire et à qui de nos jours est connue pour ses propriétés curatives notamment pour les personnes vivant avec le VIH. « Des études ont montré que les personnes qui prennent des médicaments contre le VIH/SIDA utilisent aussi des plantes médicinales. Les patients n’informent pas leurs fournisseurs de soins de santé qu’ils prennent également des herbes médicinales. La conséquence ce sont de potentielles interactions médicamenteuses dont on n’est pas au courant. On n’est pas toujours informé des interactions entre des préparations à base de pomme de terre africaine et certains médicaments antirétroviraux (ARV). »
Dans sa thèse qu’elle terminera « dans les deux prochaines années », elle tentera de déterminer si la pomme de terre africaine modifie les dosages des traitements. « Ma recherche vise également à déterminer si l’utilisation de la pomme de terre africaine est sans danger pour les personnes vivant avec le VIH/sida sous ARV. Cette étude sera menée chez des patients infectés par le VIH. Il complétera le travail effectué par d’autres chercheurs et servira d’étude pilote pour déterminer l’utilisation de la pomme de terre africaine et le traitement de première ligne du VIH/SIDA. »
Celia Moffat Joël Matyanga est mère de deux enfants de 5 et 7 ans et vit avec sa mère. « Au Zimbabwe, où la pression des tâches ménagères est énorme, le défi entre les études et la maternité continue de se poser pour les chercheuses, surtout dans les sciences. »
Cependant, Celia Moffat Joël Matyangare reste optimiste face au potentiel infini de la recherche dans son domaine et souhaite faire des études post-doctorales en Afrique. Entre-temps, elle est chargée de cours pour les étudiants de premier cycle en pharmacie. « Très souvent, les filles ont peur d’étudier les sciences. Elles devraient être davantage encouragés à partir de l’école secondaire et avoir accès au mentorat. »
En 2015, Celia M.J. Matyanga a obtenu une bourse de recherche de douze mois pour participer à l’Initiative de recherche opérationnelle structurée et de formation (SORT IT), un partenariat mondial dirigé par le Programme spécial de recherche et de formation sur les maladies tropicales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS/TDR) financé par l’Union, Médecins sans frontières (MSF) et le Department for International Development, Londres, Royaume-Uni. Depuis 2017, elle est financée par plusieurs bourses du Fogarty International Center. Il s’agit d’une bourse du National Institutes of Health (NIH) HIV/AIDS Research Training Program (HRTP). En 2019, elle a reçu une bourse du Conseil indien de la recherche médicale (CIRM) et de la Commission scientifique, technique et de recherche de l’Union africaine (UA-STRC). Cette bourse internationale est destinée à la formation sur la méthodologie de recherche et l’analyse biostatistique organisée par l’Institut national de prévention et de recherche sur le cancer (NICPR), Noida, Inde.
source : https://lelab.info/