Fatou JOOF, la Gambienne qui a reçu le prix Jeune Talent Afrique subsaharienne 2019 L’Oreal-UNESCO pour les femmes et la science

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DÉVELOPPER DE NOUVELLES STRATÉGIES ANTIMALARIALES EN SUIVANT DES MUTATIONS GÉNÉTIQUES

Bien qu’il n’y ait aucun scientifique dans sa famille, cette native de Banjul a toujours voulu être médecin. « Je suis la première dans ma famille à avoir pu aller à l’université. Malgré toutes les difficultés qui empêchent les filles d’aller à l’école et, plus encore, d’entreprendre des études supérieures, en Gambie, j’ai toujours su que je voulais étudier suffisamment pour pouvoir sauver la vie de certaines personnes» Pour elle, le déclic s’est produit quand elle avait douze ans et a reçu un livret de premiers secours !

Finalement, c’est en biologie que Fatou Joof fait ses études de premier cycle à l’Université Mohamed V de Rabat, au Maroc. Pour ses études de deuxième cycle, elle a étudié en parasitologie moléculaire à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni. Grâce au soutien de ses parents, elle a réussi à surmonter la distance et la séparation d’avec les siens. « J’ai toujours eu un solide soutien familial. Ils n’ont jamais hésité à m’envoyer un billet d’avion lorsque je me sentais déprimée ou découragée. »

En 2011, Fatou Joof rejoint l’unité du Conseil de la recherche médicale en Gambie pour y travailler en tant que responsable scientifique. Après avoir déménagé à la station de Keneba en 2017, elle entame ses études de doctorat consacrées à la recherche sur les mutations génétiques des globules rouges que le paludisme inflige au génome humain. « En fait, depuis l’apparition de la drépanocytose et des autres hémoglobinopathies, aucune autre mutation génétique humaine n’a été observée offrant une telle protection contre le paludisme. Toutefois, des technologies actuellement très avancées laissent penser qu’il pourrait y avoir davantage de mutations fortement associées à la protection contre le paludisme. »

En effet, les facteurs génétiques de la personne infectée jouent un rôle très important dans la manière dont évolue une infection par le paludisme. De récentes études sur l’Association pan génomique (GWAS) ont identifié de nouvelles mutations pouvant être associées à une diminution du risque de paludisme. Les plus importantes de ces mutations concernent les globules rouges. Dans sa thèse de doctorat qu’elle terminera en 2021, Fatou Joof montre que des études fonctionnelles sont nécessaires pour identifier le mécanisme par lequel les mutations peuvent assurer la protection contre le paludisme. Pour ce faire, elle travaille sur l’impact de ces mutations à trois niveaux : (1) l’expression des protéines, (2) la fonction des globules rouges et (3) la pathogenèse du paludisme.

À ce stade de sa vie, elle voit un avenir très prometteur pour ses recherches sur le paludisme et souhaite poursuivre des études postdoctorales. « Trop de chercheurs africains doivent partir pour une raison quelconque. Je souhaite absolument rester en Afrique et contribuer à la santé mondiale. J’espère devenir professeur assistante à l’université et transmettre des connaissances scientifiques aux étudiantes. »

Interrogée sur certains des défis auxquels les femmes africaines sont confrontées dans leur carrière scientifique, elle estime que « les femmes sont généralement les principales donneuses de soins mais qu’en l’absence des soutiens nécessaires, elles ont tendance à rester à la maison. Et à cause de cela, très souvent, les femmes manquent des opportunités. Sinon, nous aurions les mêmes chances. »

En 2006, Fatou Joof a obtenu une bourse d’études de premier cycle des gouvernements gambien et marocain. Puis, en 2013, elle a remporté le prix MRCG at LSHTM. En 2016, elle a obtenu une bourse de voyage pour participer à la conférence sur l’épidémiologie génomique du paludisme (GEM) à Cambridge, au Royaume-Uni. Elle a également remporté le prix MRCG at LSHTM PhD. Puis, l’année dernière, elle a obtenu deux nouvelles récompenses de voyage pour participer à la conférence MIM (Multilateral Initiative of Malaria) à Dakar, au Sénégal et à la conférence de la Société américaine pour la médecine tropicale et l’hygiène (ASTMH) à la Nouvelle-Orléans.

source : https://lelab.info/

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