MIEUX COMPRENDRE LES INFECTIONS SURVENANT LORS DE L’ACCOUCHEMENT POUR LUTTER CONTRE LA MORTALITÉ NÉONATALE
Pour cette pharmacienne qui s’est peu à peu orientée vers la biochimie et la biologie moléculaire, le déclic s’est fait enfant en observant son père, un laborantin, qui était souvent sollicité pour soulager les maux du voisinage, en leur prescrivant des médicaments. C’est après son bac scientifique qu’elle intègre un cursus en pharmacie, puis passe le concours d’internat en cinquième année pour s’orienter vers la recherche en biologie.
Mariée à un pharmacien, comme elle, Najah Fatou Coly est mère de deux enfants, 6 ans et 2 ans. « L’ajustement n’a pas été facile car mon premier bébé pleurait beaucoup la nuit, mais à force de persévérance et avec le soutien de mon mari, j’ai pu terminer mes deux diplômes. Ma passion pour la science ainsi que mon envie de réussir m’ont encouragée à vaincre toutes les difficultés qui se sont présentées. »
Ayant intégré le laboratoire de biochimie et de biologie moléculaire à la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, elle compte soutenir sa thèse de doctorat à la fin de l’année 2020. « En Afrique sub-saharienne, 1 enfant sur 36 décède durant le premier mois de vie, contre 1 enfant sur 333 dans les pays du monde aux revenus plus élevés. Au Sénégal, cette mortalité néonatale est estimée à 19 pour 1 000. 7 % de ces décès sont dus aux infections néonatales, en particulier d’origine bactérienne.»
La prise en charge de ces infections reste difficile en raison de la non-spécificité des marqueurs utilisés jusque-là pour poser le diagnostic. Des études ont démontré que les nouveau-nés de femmes présentant des concentrations élevées de protéines calgranulines et d’acides aminés défensines, présentaient un risque plus élevé de septicémie précoce. Les recherches de Najah Fatou Coly consistent donc à mettre en évidence ces marqueurs au niveau du sang périphérique du nouveau-né afin de pouvoir les utiliser comme marqueurs précoces de diagnostic des infections néonatales bactériennes. Objectif : permettre une prise en charge précoce des nouveau-nés et, ainsi, réduire le risque de mortalité néonatale.
Le projet de thèse de la pharmacienne a obtenu une subvention du programme d’appui à la recherche France-Sénégal 2019 de l’ambassade de France au Sénégal. « Après cela, mon principal défi sera d’avoir un laboratoire de recherche équipé au sein de l’université qui m’héberge afin d’enseigner et de mener à bien d’autres projets. Ce sera également pour moi le moment de rechercher des partenaires internationaux pour de futures collaborations fructueuses. » Pour Najah Fatou Coly, transmettre le savoir aux générations à venir est indispensable. Elle veut particulièrement encourager les jeunes filles en leur montrant qu’il est possible de réussir dans le domaine scientifique en tant que femme, épouse ou mère de famille, tout en étant autonome. « Pour cela, il faut croire en soi, en ses capacités et se donner tous les moyens pour réussir. »
Grâce au Prix Jeunes Talents Afrique sub-saharienne, elle compte aussi se faire connaître en tant que jeune chercheuse en Afrique et, en particulier, au Sénégal. « J’espère que cela m’ouvrira des opportunités de collaboration avec des équipes de recherche internationales. Cela me donnera peut-être aussi la chance d’accéder à d’autres bourses, »
source : https://lelab.info/