AMÉLIORER LA FILIÈRE DU BOIS AU BÉNIN
C’est en préparant son diplôme d’ingénieure agronome, obtenu avec les félicitations du Jury, que cette Béninoise s’est découvert une passion pour la recherche scientifique, jamais démentie depuis. « En tant que chercheuse, il n’est pas toujours aisé de concilier vie universitaire et vie personnelle. Heureusement, j’ai été soutenue par mes proches et mes professeurs. »
C’est au sein du Laboratoire d’écologie, de botanique et de biologie végétale à l’Université de Parakou, la plus grande ville au nord du Bénin, que cette mère de deux enfants (7 ans et 2 ans), a décidé de mener ses recherches. Sa thèse de doctorat, qu’elle compte soutenir en 2020, porte sur « les caractéristiques anatomiques, physico-mécaniques, énergétiques, et sur le taux de carbone d’un arbre, l’Acacia Auriculiformis, en fonction du traitement sylvicole sur plusieurs sols où il est planté au Bénin. » Depuis 1988, des plantations d’Acacia Auriculiformis ont été développées un peu partout en Afrique de l’Ouest pour satisfaire aux besoins de bois énergie. Aujourd’hui, la demande en bois est non seulement liée aux besoins énergétiques, mais également à l’utilisation de bois de construction. Pour améliorer l’utilisation de l’Acacia Auriculiformis à des fins énergétiques et industrielles, il est nécessaire de déterminer ses caractéristiques en fonction de sa localisation, des traitements sylvicoles et de l’âge.
« À ce stade de mes recherches, nous avons déjà effectué une enquête auprès des industriels de la filière au Bénin afin de connaître les difficultés techniques liées à l’utilisation de ce bois et les améliorations possibles à leur apporter. Des inventaires forestiers ont également été faits. Au total, des échantillons de bois ont été prélevés sur 30 arbres abattus dans les plantations et sur 275 arbres sur pieds. Ceux-ci vont nous permettre de faire une analyses anatomique physico-mécanique et énergétique afin d’avoir des données exactes sur l’utilisation potentielle et efficiente de l’essence pour l’énergie et pour les ouvrages en bois. »
Regrettant qu’il y ait si peu de financement pour la recherche au Bénin, elle a dû se rendre déjà deux fois en France pour trouver le matériel adéquat pour ses essais en laboratoire. « Heureusement que les chercheurs africains ont un fort potentiel de conception de projet, de partenariat, et de recherche de financement extérieur, ce qui leur permet malgré tout de faire avancer leurs travaux. » Avec de la détermination et un travail assidu, ainsi que le soutien de son mari, un scientifique comme elle, Murielle Tonouewa compte poursuivre, une fois son doctorat soutenu, des recherches post-doctorales. « En tant que chercheuse de haut niveau, je suis très désireuse de servir de modèle à la génération à venir qui jouera un rôle-clef dans le futur du Bénin. Le Prix Jeunes Talents Afrique sub-saharienne constitue déjà une première belle opportunité en ce sens. »
En plus d’avoir obtenu tous ses diplômes avec la mention très bien, Murielle Tonouewa s’est vue décerner en 2011 une Bourse d’excellence de l’université de Parakou pour la formation du diplôme d’études approfondies (DEA) en aménagement et gestion durable des ressources naturelles (AGDRN). En 2012, elle obtenait une bourse de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), ayant son siège au Japon, pour une recherche au CIRAD (Montpellier/France). En 2013, c’est une bourse de réalisation de projet à l’Office national de bois du Bénin (ONAB) sur la valorisation de quatre essences forestières (Gmelina arborea, Cedrela odorata, Terminalia superba et Ceiba pentendra), qui lui a été octroyée. En 2018, elle obtenait une bourse de la Fondation internationale pour la science (IFS), Grant I-1-D-6154-1 et, en 2019, l’IDEA Wild Grant
source : https://lelab.info/