Ruth KIHIKA, la kenyane qui a reçu le prix Jeune Talent Afrique subsaharienne 2019 L’Oreal-UNESCO pour les femmes et la science

IDENTIFICATION DE CIBLES GENIQUES QUI SE CORRELLENT AVEC DES PISTES BIOCHIMIQUES RESPONSABLES DE LA RESISTANCE DES PLANTES AUX PARASITES

Ruth Kihika est originaire de Nairobi et a été élevée, très jeune, par ses grands-parents. C’est son transfert vers école primaire publique située dans un village rural qui lui donne à constater les différences d’infrastructures, notamment sur le plan scientifique. « Ma fascination pour les sciences a commencé très tôt, grâce à mes professeurs de sciences aux niveaux primaire et secondaire. Je savais que je voulais étudier la chimie. »

Plus elle avance dans ses études, moins il y a d’étudiantes et d’enseignantes. Finalement, elle trouve son domaine de recherche, l’écologie chimique, tout en terminant sa maîtrise en sciences. Pour son doctorat, elle décide alors de se concentrer sur les nématodes cécidogènes (RKN), un ver parasitant de nombreuses espèces cultivées et présentant un risque pour la sécurité alimentaire au Kenya et ailleurs, en Afrique. Ces vers agissent en inhibant la capacité des plantes qui leur servent d’hôte d’absorber l’eau et les nutriments.

« Les pertes globales associées à l’infection des RKN sont estimées à 157 milliards USD par an. L’impact économique sur les petits exploitants africains n’a pas encore été établi, mais des pertes de production de 40 à 100% peuvent être enregistrées. Les mesures d’atténuation déployées pour lutter contre ces parasites ont eu un succès minimal, en plus des nématicides les plus efficaces qui ont été interrompus en raison de leurs impacts négatifs sur l’environnement et les organismes non ciblés. » Relever ce défi et contribuer à l’élaboration de stratégies alternatives respectueuses de l’environnement est le thème de ses recherches.

Pour cela, elle étudie la communication chimique dans les interactions plante-RKN en ciblant le stade de recherche d’hôte infectant des RKN qui constitue un maillon potentiellement faible de leur cycle de vie. Et a choisi d’étudier des « plants de tomates sensibles et résistants » afin de déterminer les voies biochimiques pouvant être manipulées pour la fabrication de cultures résistantes au RKN et d’identifier ainsi les composés naturels ayant des effets nématicides à utiliser dans des installations en champ. « Cela doit mener à l’identification de gènes cibles en corrélation avec les voies biochimiques responsables de la résistance des plantes aux RKN qui peuvent être manipulés pour le développement de variétés de tomates résistantes et à des recommandations sur des composés candidats pour des essais sur le terrain. »

Grande admiratrice de la prix Nobel kenyane Wangari Muta Maathai, cette mère de deux garçonnets est mariée à « un mari très compréhensif ». Néanmoins, elle jongle toujours pour concilier sa vie de famille avec sa carrière dans la recherche. Dès qu’elle aura terminé sa thèse dans deux ans, elle voudrait poursuivre des études postdoctorales. « Ma grand-mère était très impliquée dans le mouvement Green Belt. Elle a réussi à mobiliser la communauté pour que l’agroforesterie soit adoptée afin de mieux conserver l’environnement. C’est le type de recherche que je veux faire, une recherche qui motive les gens et qui contribue aux transformations de la société. L’obtention du prix des jeunes talents d’Afrique subsaharienne est un premier pas pour atteindre mon objectif. »

En 2015, Ruth Kihika a obtenu une bourse pour un programme de stage de recherche de thèse (DRIP) au Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (ICIPE) en vue de l’obtention d’un diplôme de Maitrise en science. Elle a également remporté le premier prix des présentations orales lors du 15eme atelier de l’Association horticole du Kenya, qui s’est tenu pendant l’Organisation de recherche sur l’agriculture et l’élevage du Kenya, au Centre Kandara. En 2017, elle a été récipiendaire de la bourse de doctorat DAAD pour le programme universitaire africain de troisième cycle en science des insectes (ARPPIS) et fut la première finaliste du prix du Conseil de direction de l’ICIPE pour le meilleur article scientifique publié par une chercheure invitée au Centre international de la protection des insectes. Physiologie et écologie, campus de Duduville, à Nairobi.

source : https://lelab.info/

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